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tic... tac

5 janvier 2011

des morts en vacances

J'ai commencé à voir le temps passer, c'est assez terrible comme impression. On se rend compte que le présent n'existe pas, et ce à chaque seconde qui vient, qui passe, et qui n'est plus. Qui a vu le Présent ? A peine nommé que le voilà disparu, il n'existe pas d'invité plus impoli.
Le soleil se lève puis se couche, impossible de l'arrêter. Chaque jour je me réveille, et j'ai envie de me rendormir tout de suite, pour étendre la nuit, pour allonger le temps, ne pas le voir se pointer et disparaître dès que j'aurais le dos tourné. Alors je ferme les yeux, et j'ai peur, car je sais que tirer le rideau n'empêchera pas la scène de se jouer. Ce n'est pas moi qui décide, ni toi, ni personne. "C'est comme ça", la pire phrase bateau du monde, celle qu'on aimerait bien voir couler à pic rejoindre les épaves millénaires qui se décomposent dans les abysses, parmi les poissons mutants et le continent de plastique et de déchets divers qu'un siècle de connerie humaine continue à déverser dans les océans.
J'ai peur, car le temps me tue. Il te tue, toi aussi. Et on ne peut rien y faire.
Il n'y a que moi que ça dérange, de n'avoir devant moi que quelques dizaines d'années de conscience ? Une brèche de lumière dans l'intervalle de deux périodes d'infinie obscurité ? On pousse un premier cri, et puis pendant un peu moins d'un siècle, on s'agite, on s'agite beaucoup, on essaie de construire des choses, de se construire, de vivre tant bien que mal, et un jour on nous reprend tout. Je n'ai pas signé pour ça. Si j'avais su, j'aurais déchiré le contrat et aurait forcé le Destin à bouffer tout ce papier inepte devant moi. Mais maintenant je suis dans ce putain de bateau, avec vous tous, et je me pose beaucoup de questions sur l'intérêt de tout ça. A quoi ça sert, de s'agiter ? Je n'ai plus envie de m'agiter. Je dors depuis une semaine, ça m'aide à oublier. Mais ça ne résout pas le problème. Je veux des réponses.
Je me demande pendant encore combien de temps les gens vont accepter ça. Au 21ème siècle, les morts n'existent pas dans notre société occidentale. Les films et les livres nous montrent toujours ce qu'il y'a, après la mort des personnages... il y a toujours un "après". C'est comme ça que ça se passe pour les vivants. Mais quand on arrive au bout, il n'y a plus d'après. On n'assiste pas à son enterrement. 
On vit dans un monde de l'image où tout est conservé, mis sur papier, sur pellicule. Il y a quelques dizaines d'années, on vivait plus serein car le mort reprenait son image avec lui. La vie reprenait car avec l'éloignement du décès dans le temps, on finissait par ne plus penser que le même triste sort nous attendait. Aujourd'hui, on peut laisser des traces partout. Les prochaines générations à mourir vont laisser une impression très étrange à ceux qui restent, à ceux qui vivent comme s'ils étaient immortels.
Mais pas de chance, on a beau avoir internet sur son portable à écran tactile et des films en 3D dans nos cinémas, on meurt toujours au 21ème siècle.

J'admire les gens qui ont envie de mourir. D'ailleurs, je pense dévouer les 70 prochaines années de ma vie à apprendre à avoir envie de mourir. La tâche s'annonce ardue mais je ne vois pas de meilleure solution pour le moment.


Je n'écris pas pendant des mois, et puis un jour, je ponds ça. Je ne vais pas faire genre que tout va bien, car c'est vraiment loin d'être le cas. J'ai l'impression que quelques années d'angoisse quant à l'avenir viennent d'aboutir à leur plus pure expression. Il a fallu qu'arrive le mois de décembre 2010 pour que je m'effondre de l'intérieur, et que cela se voie à l'extérieur. J'ai été profondément à côté de mes pompes, et j'en reviens doucement. La réalité ne me semblait plus réelle, ni les gens, ni les conversations. Tout ressemblait à une vaste blague. Je n'étais psychiquement pas présente, je n'arrivais plus à vous voir, vous qui étiez devant moi. L'anxiété était trop forte, trop permanente. J'en reviens aujourd'hui, j'essaie de retrouver du sens. Des objectifs. Un but à toute cette vaste fumisterie. Je vous jure que j'essaie. Que je vais essayer.

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3 septembre 2010

black out

J'ai du mal à écrire en ce moment, phase d'inspiration descendante en ce qui concerne histoires, articles, et racontage de vie.
Alors tandis que les voitures flamboient dans les quartiers et que les CRS fourmillent dans ma ville, je dessine. Je crée par courants favorables (et donc très peu régulièrement), mais si vous avez un peu de temps à perdre pour mes délires décousus, n'hésitez pas à venir me visiter ici :

http://etheroxyde.deviantart.com/

Ceci dit, il faut quand même que je me remette à écrire. Ça me manque. Et en vrai, j'ai pas mal de choses à raconter. J'dis pas que ce sera intéressant... mais ça devrait échouer sur ce blog un de ces quatre. Très bientôt.

beksinski
euh non ceci n'est pas de moi malheureusement, mais d'un artiste polonais que je viens tout juste de découvrir et qui fut un coup de coeur instantané : Zdzislaw Beksinski

14 mai 2010

comme une bulle de savon. PLOP.

J'ai l'impression d'être arrivée en bout de parcours. J'ai presque pas décollé de ma chambre depuis une semaine, contacts sociaux minimum se résumant à jouer à la ps3 avec mon frère - tu parles d'une sociabilisation. J'écoute du jazz alternatif et il pleut non-stop depuis début mai, mon moral s'est assorti à la couleur du ciel, mes mouvements ont fini par se coordonner à la pluie, je virevolte dans les courants d'air puis je finis par tomber. Inéluctablement.
Il me faudrait un cigare, un verre de rouge, je me coulerais un bon bain brûlant bien mousseux et je finirais par me trancher les veines avec le rasoir de papa, comme dans un roman. Quand on retrouvera mon corps, l'enquête concernant ma mort se conclura avec la découverte, sur la table du salon, de Flowers for Algernon de Keyes, d'un jeu de tarot incomplet et d'une bouteille de Baileys presque finie.
L'énigme piétinera un bon moment avant que quelqu'un, quelque part, ne comprenne.

Je ne suis pas réellement en bout de parcours. Mais j'entre en panique quand il s'agit de mon avenir, et comme je m'évertue à tuer toute pensée en rapport avec ce que je compte faire de ma vie, et bien l'avenir n'existe plus vraiment. Je vis au jour le jour involontairement.
Arrive un moment où il faudrait que je m'insère dans la vraie vie, celle des responsabilités, il faudrait que je passe enfin mon permis, me prenne un appart', trouve un boulot, me retrouve seule avec six chats dans une maison à l'abandon après un divorce houleux et la mort accidentelle de mon fils de douze ans.
Je n'ai pas vraiment envie d'en arriver là, je préfère être bloquée dans le présent. Mais je viens de passer ma licence et il serait temps que je me lance dans un diplôme vraiment utile...

En me relisant je me dis que le discours de S. devait ressembler à ça. Je ne connais pas S., je ne me souviens même pas de son prénom, mais pour cet article ce sera S. Comme Sara. Oups. Bref, ce n'est pas vraiment important.
Quel que soit son nom, S. s'est jetée d'une fenêtre il y a quelques mois. Elle allait visiblement mal depuis des années, et N. m'a dit qu'à chaque fois qu'il recroisait sa route, son avenir semblait de plus en plus flou. Elle ne savait plus, elle se laissait porter sans grande conviction. Plus de volonté, plus de désir, plus de plaisir. Et elle a profité d'un soir - un des rares soirs - où son copain n'était pas resté auprès d'elle, pour sauter le pas, ou plutôt, la rambarde.
S. n'est même pas morte, elle se retrouve paraplégique à 21 ans.
J'ai un mal fou à concevoir l'horreur que cela doit être pour elle. Vous n'en pouvez plus, voulez mourir, réussissez miraculeusement à franchir le pas et finalement vous vous réveillez dans un hôpital avec l'incapacité de pouvoir bouger vos mains et vos jambes. Votre copain vous nourrit. Une infirmière vous emmène pisser. Vous ne pouvez probablement plus remonter votre culotte vous-même. Et tout ces gens sont tellement compatissants et cherchent à vous aider dans la plus totale sincérité.
Mais vous, vous vouliez mourir. Et aujourd'hui on vous force à réapprendre à vivre.
J'aimerais vraiment connaître S. et discuter avec elle, essayer de la comprendre, comment elle gère tout ça. Pourquoi elle a fait ça. Pourquoi aujourd'hui elle semble redonner une chance à la vie alors qu'elle a perdu sa propre autonomie.
Mais je n'ai aucun contact avec S., moi je connais N.
Une légende court sur les étudiants en psychologie, il semblerait que nous soyons tous barges et que plus ou moins inconsciemment nous nous lancions dans ces études pour nous guérir nous-mêmes. Après trois années de licence, je confirme que certains d'entre nous ont du niveau mais finalement je pense que ceci peut être généralisable à la population toute entière, on le remarque juste plus chez les psychos. Parce qu'on est en psycho. Toutefois, il se peut aussi qu'une histoire personnelle particulièrement éprouvante pousse à aller en psycho plus qu'en études vétérinaires, mais ceci ne signifie pas que les autres filières soit exemptées de tarés. Enfin bref.
N. ne se remarque par aucune tare particulière. N. semble sain, plutôt bien dans sa vie, et dans sa tête. Le problème de N., c'est son entourage. Je n'ai jamais rencontré personne ayant une liste aussi longue de tentatives de suicides plus ou moins ratées dans son cercle d'amis. N. attire peut-être les gens à problèmes, par sa grande compassion et son habilité à écouter en silence. Je ne sais pas. J'espère que le fait que N. soit devenu mon ami ne signifie pas grand chose dans ce sens-là, et que je ne deviendrais pas une nouvelle S. Et qu'aucun d'entre vous ne rentrera dans le cercle d'amis de N.

Enfin bref, encore un article déprimant et sans conclusion.

24 avril 2010

23 avril 2010, Eyjafjöll mon amour

Départ avec le dernier bus, arrivée à l'aéroport à 23h.
Quelques individus a l'air lasse attendent déjà, nous sommes quelques dizaines à nous caler dans un coin choisi, tapissé d'une veste, rendu douillet par une simulation d'oreiller pratiquée à l'aide d'un pull, ou d'une écharpe. Les pieds sur la valise pour dissuader un éventuel voleur de slips et de t-shirts sales, les sens ne voulant s'assoupir à cause de ce perpétuel sentiment d'insécurité. Sentiment léger, car aucune menace ne semble se tapir dans l'aéroport d'Édimbourg, à part peut-être l'annonce d'un énième vol annulé, reporté, remboursé ou transféré. Juste l'insécurité de ne pas être chez soi, sous sa couette, dans son lit chaud et familier.
Mon vol est prévu pour 6h25, j'ai encore beaucoup de temps devant moi à patienter et essayer de ne pas trop m'ennuyer. J'ai hésité à prendre un taxi, cela m'aurait permis de venir beaucoup plus tard et réduire ainsi mon temps d'attente, mais la perspective de me dépouiller d'autant de billets d'un coup m'a décidée à relativiser les 7h de patience qui s'étendent désormais devant moi. Une plaine d'ennui.
J'essaie de dormir, j'y arrive un peu. Jusqu'à ce qu'un type se mette à faire les cent pas autour de moi, le pouic-pouic de ses baskets allant et revenant en écho et en stéréo dolby-surround dans mes oreilles, je finis par craquer et je vais me chercher un autre nid douillet un peu plus loin. La voix stridente d'une blonde racontant sa vie dans la zone a fini par avoir raison de ma flemme.
Bientôt deux heures du matin, je trouve une autre banquette suffisamment libre pour que je puisse m'y allonger, mais impossible de me rendormir. Je sors Millénium, peut-être un peu trop complexe à lire quand 70% de mes neurones sont en mode-off et que mes yeux restent difficilement ouverts. J'abandonne et me contente de regarder dans le vague.
A 4h, toutes les compagnies aériennes d'Europe sont représentées aux guichets, les check-in ont commencé, certaines sont en train de booker tous leurs vols de la matinée mais la mienne n'est toujours pas là. Heureusement qu'ils ont précisé qu'il valait mieux arriver deux heures en avance.
L'aéroport s'est brusquement rempli, je n'ai pas bien saisi le moment où les voyageurs ont commencé à débarquer. Une sorte de brume endormie flotte toutefois sur les lieux, les mouvements du personnel et des futurs passagers sont particulièrement silencieux, reflétant le fait qu'on est toujours au beau milieu de la nuit. Les sourires des guichetières et les talons vifs des hôtesses sont pourtant intemporels, on aurait pu s'attendre à ce que les uns soient voilés et cernés et les autres estompés par la fatigue. Mais non, l'heure tardive se ressent à travers la lenteur des gestes, les voix basses et presque chuchotantes, les regards et les peaux ternes sous la couche de normalité.
Une petite vieille sifflotante à la permanente platine impeccable finit par arriver, se trahissant par la veste orange caractéristique de sa compagnie. Seule, elle déballe le matériel et ouvre le guichet, je peux enfin faire mon check-in.
Entre-temps, une américaine bloquée en Écosse depuis lundi dernier à cause des cendres volcaniques a essayé de me faire la conversation, elle a finit par abandonner assez vite, se rendant compte que j'étais pas en état d'écouter ses divagations et encore moins de les traduire.
Dommage, elle avait l'air gentille.

Passage de la sécurité, en guise de petit-déjeuner particulièrement matinal je bois un chocolat et mange un pain au raisins, et me retrouve finalement dans l'avion.

7h15, arrivée en avance à Londres. Je dois encore attendre jusqu'à 11h20, pour prendre la correspondance qui va à Lyon et revenir enfin sur le territoire français.
Les banquettes de London Stansted sont plus moelleuses que celles d'Édimbourg, j'arrive à dormir deux bonnes heures... et je finis réveillée par une mère et sa gamine venues s'asseoir à côté de moi alors que toutes les banquettes alentours sont disponibles. Merci bien.
Après un lunch hors de prix, me revoilà dans l'avion, transformé pour l'occasion en garderie. Des gamins partout, ça roucoule, ça gazouille, ça piaille.
Arrivée à Lyon, je perds mon MP3 entre la descente de l'avion et le passage de la douane, trop tard pour faire demi-tour.
Après une heure de bus, je suis de retour dans ma ville, et mon père vient me chercher en voiture, je finis donc par m'écrouler sur mon lit.
Il est presque 16h, cela fait 18h que je suis sur la route.
Après cela je me souviens vaguement avoir discuté avec mes parents, mangé, et même pris un bain. Puis j'ai dormi jusqu'à 20h30.

By the way, c'était le jour de mon anniversaire.

29 mars 2010

Amen

Il faut que je pense à autre chose, il le faut, il le faut vraiment, là, tout de suite. Je ne sais pas quel est mon problème. Je sais que j'ai un problème. Et je dois arrêter d'y penser.
Pourquoi est-ce que je continue, si je suis malheureuse. Je ne sais pas si je suis vraiment malheureuse. Je vois dans les yeux de ma mère que je suis malheureuse. Elle me voit pleurer depuis des mois, elle sait pourquoi je pleure, je sais qu'elle sait. Elle me fait des commentaires, parfois. Je ne veux pas les entendre.
J'ai le droit de vouloir le mieux pour moi, non ? Je n'aime pas cette mentalité de "ne pas monter trop haut pour ne pas descendre trop bas". Je la déteste, même. Comment peut-on progresser dans la vie en pensant comme ça ? Moi je veux monter haut, très haut, et ne plus jamais en redescendre.
Pour le moment je me sens juste délaissée. Posée sur le coin d'une étagère poussiéreuse. Sans intérêt.
Je passe mon temps à attendre qu'une main bien attentionnée daigne me passer un torchon sur la gueule pour enlever toute cette crasse et cette poussière.
Mais je suis la priorité de fin de liste, je vais devoir attendre encore longtemps.
On me dit que je manque de confiance en moi. La bonne blague. Comment prendre confiance en soi dans ces conditions-là. Si je ne me sens pas respectée. Si je me sens une priorité de fin de liste.
Je pense que je mérite un bien meilleur traitement.
Mais au lieu de faire bouger tout ça, j'attends. J'ai l'espoir. La foi. Je me dis que ce n'est pas contre moi, que c'est comme ça, que tout va bien, que tout est parfait, en fait. Même si je ne le ressens pas comme ça.
Et après on me dit que je suis pessimiste, je me focalise toujours sur les aspects négatifs. C'est tout à fait vrai. Mais en temps normal j'arrive tout de même à percevoir une once de positif dans le tas, qui me pousse à m'accrocher. Là tout a disparu. J'ai l'impression qu'on se fout de moi.
Et en même temps je sais que c'est faux... je suis probablement juste déçue.

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20 mars 2010

you've got a bullet in your fucking head

J'aimerais en sortir. J'aimerais m'en sortir. En voir le bout, quelque chose de concrêt, de définitif, arrêter de tout remettre en cause, de me remettre en question, et pourquoi pas me souvenir de comment je m'appelle et puis tiens, me rappeler de ce que je suis aussi.
J'aimerais inventer un petit appareil qui me le rappellerait régulièrement, une sorte de CODEC que j'aurais en permanence dans l'oreille et qui me dirait que j'ai choisi la bonne filière, que mon avenir ne peut être que radieux, que je suis belle, que je suis unique, que je suis géniale, et peut-être que j'arriverais à y croire. Un peu. Je n'ai pas confiance en moi parce que rien ne me prouve que j'ai des raisons d'avoir confiance... logique. Scientifique, même.
Je ne suis pas satisfaite, décidément il manque toujours quelque chose. Malheureuse ? Peut-être. Le prototype de la petite bourgeoise plutôt friquée qui a globalement tout pour être bien dans sa vie mais qui ne l'est pas. Rébellion ? J'aimerais tellement que ce soit ça.
En vérité je cherche ce qui a foiré dans ma vie mais je ne trouve pas. Ou plutôt, je trouve pas mal de choses qui ont merdé, mais rien qui ne me semble suffisant pour justifier ça.
A un moment j'étais optimiste, et à un autre je ne l'étais plus. Fini, envolé.
Je ne me sens juste pas à ma place, je ne comprends pas comment ce monde fonctionne, je n'ai pas envie de comprendre car ça me fait peur, les relations que les gens entretiennent entre eux me font peur, cette solitude absolue me fait peur. J'aimerais être deux. Ou trois. Ou plus. J'aimerais qu'on soit tous là, toujours ensembles, dans ma petite tête, qu'on se soutiennent, se comprennent. Qu'on se rassure et se console. Mais comme je ne suis malheureusement pas assez barjo pour que ce rêve se réalise, j'essaie de reproduire ça dans la vraie vie, avec de vrais "autres". Mais cela ne marche pas.
J'aimerais péter un plomb, pour de bon. J'aimerais décompenser, vers quelque chose de grave mais pas complètement délirant. Être hospitalisée quelques mois, dans un lieu ou on essaierait de me comprendre vraiment, puis où l'on s'occuperait de moi. Manger à heures fixes, séance avec le psy le matin, activité peinture l'après-midi, thérapie de groupe deux fois par semaine. Une pile de bouquins régulièrement renouvelée. Moi seule avec mes propres armes pour apprivoiser mon propre monde.
Peut-être que je finirais par m'habituer à vivre toute seule avec moi-même. Je finirais par apprécier l'unique petite idiote qui vit dans ce corps, et qui en demande trop à la vie. J'abandonnerais l'idée de réussir à combler ma solitude mentale un jour, et ce serait bien. Parce que je m'en foutrais. Je serais peut-être défoncée aux médocs toute la journée mais au moins je ne sentirais plus rien, ni dedans, ni en surface, un fantôme constitué de sensations floues mais pas désagréables. Un corps que je n'essaierais plus de dominer, puisque ce serait un corps désinvesti. Un cœur déconnecté sous une tête qui ne pense plus mais qui sourit dans le vide.
Je sourirais parce que je n'en aurais plus rien à foutre, ni de moi, ni de vous, ni de ce qu'il se passe là-bas dehors. Adieu les guerres, les tortures et viols commis par les soldats sur le terrain, les lapidations, les enfants qu'on enferme 20 ans dans une cave, ceux qu'on met au congélateur, les incestes, les sourires de l'ange, les innocents qu'on tabasse pour un regard de travers, la bombe atomique entre les mains d'un groupe d'abrutis, une balle dans la tête à cause d'un coup de klaxon, le plaisir de faire souffrir, d'humilier, battre, réduire, soumettre, frapper, mutiler, déchirer, briser, ruiner, détruire, aliéner, dominer, blesser, tuer.
Adieu, nature humaine.
Je réussirais peut-être à me voiler la face, le jour où on arrêtera ma machine à penser. Je ne suis visiblement pas capable de le faire toute seule, j'ai besoin d'aide. Je demande de l'aide. On ne m'en donne pas. Un jour j'irais prendre l'aide en personne, un jour. Un jour.

11 mars 2010

the place where we lived when we were young

Il y a la grande brune rongée de l'intérieur par une histoire d'amour compliquée, incapable d'avancer dans l'avenir tant que les nœuds du passé n'auront pas été démêlés. Celle qui crée pour dépasser la réalité, crée pour établir son propre monde dans lequel vivent ses créatures, selon ses propres lois.
La petite blonde vive et positive, qui cherche des réponses à toutes les questions qu'elle se pose, d'où elle vient, qui elle est, où elle va, optimiste quant à notre Nature à tous, quant à l'avenir de l'humanité. Ne veut pas entendre parler de la bombe A. La bombe A n'existe pas. Le mal n'existe pas.
Il y a également la longiligne brunette aux cheveux longs, un peu perdue, qui n'arrive pas à savoir ce qu'elle veut. Ses relations familiales l'ont éprouvée, la culpabilité la ronge sans raison, dans toute situation. Coupable de vivre, d'être qui elle est, comme elle est.
La petite dernière se cache derrière un masque souriant, elle n'aime pas trop parler d'elle. Ses relations la font souffrir, toujours, mais pas autant que ses pensées, serpents obsédants et sournois qui ondulent en permanence dans son crâne, avec pour thématique la trahison, le rejet, l'abandon.
En boucle.

Je suis sortie de moi-même pour pouvoir les regarder, et elles étaient belles.
Toutes si différentes, avec des questionnements très personnels qui pourtant se rejoignent.

Que sommes-nous devenues ? étions-nous heureuses avant ?

J'ai l'impression que nous avons vécu dans la lumière toute notre adolescence jusqu'au moment où l'on nous a poussées dans l'ombre, et depuis nous tatônnons toutes à la recherche d'une lampe qui marche.
Ou d'une petite bougie.
Ou de n'importe quelle allumette qui pourra un tant soit peu éclairer notre route.
J'espère que nous la trouverons un jour, l'étincelante solution à toutes nos angoisses.

A chaque fois que nos routes se croisent, nous avons toujours un peu plus de rides et de blessures. Mais à chaque fois c'est toujours un bonheur de pouvoir débattre de tout ça ensembles, quelque part unies dans notre solitude.

 

The grass was greener
The light was brighter
The taste was sweeter
The nights of wonder
With friends surrounded
The dawn mist glowing
The water flowing

The endless river

Forever and ever

1 mars 2010

killing in the name of

On me parle beaucoup de confiance en soi, il paraît que j'en manque.
Ça s'achète où, ce truc-là ?  Pourquoi tout le monde en a sauf moi ? En vérité je suis tellement anticonformiste que même à ce niveau là, je ne veux pas être comme vous.

J'vous jure.

Non en fait c'est pas vrai.

J'aimerais m'en faire une bonne injection directement dans la cervelle, entre les deux lobes frontaux, pour voir.
Une transformation radicale, du jour au lendemain, d'un coup de seringue magique : une autre Moi.
Ether la Magnifique, heureuse, positive, confiante, libre.
En attendant que quelqu'un de suffisamment génial réussisse à inventer un truc pareil, j'essaie d'apprendre à me respecter.
Cela commence par refuser certaines choses, comme les comportements qui me blessent. J'accepte toujours tout, je commence par tout prendre contre moi, puis tout sur moi en me disant que finalement c'était de ma faute. Mais techniquement c'est pas possible d'être toujours en train de s'excuser, non ?
Si ?
Si, je vous assure. Je suis infiniment, profondément désolée en permanence.

Aujourd'hui je dis merde.
Merde.
Voilà, je l'ai dit.

Je ne m'excuserais plus, aux autres de faire un peu gaffe à moi dorénavant.

Je demande du respect, parce que je le mérite, parce que j'ai une valeur, là, quelque part, et que je ne suis pas un vacuum qui bouffe toute insulte pour la digérer ensuite tranquillement dans le noir; je suis désormais un vacuum qui vous vomira vos propres attaques amères au visage.

28 février 2010

la statue de marbre lui sourit dans la cour

J'y pense souvent, depuis quelques temps. C'est parti d'une chanson, diffusée en arrière-plan dans le bus calme de 9h qui m'emmenait vers la fac, il y a  de cela deux ou trois semaines. Je regardais par la fenêtre et j'ai fini par remarquer le filet de musique familier, au son bas et timide que le chauffeur avait laisser s'échapper.

Y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler

Puis il y a eu le tri dans mon placard, tout ces vêtements que je ne mets quasiment jamais, tant de tissu que je ne rentabilise pas. Le pantalon noir, long, très large, comme c'était la mode il y a presque dix ans lorsque ma mère l'avait acheté, puis qu'elle m'avait donné parce qu'il était devenu trop petit à la taille pour elle. Je ne l'ai mis qu'une fois, cette fois-là, il y a 6 ans. Je l'aime beaucoup ce pantalon, j'ai essayé plusieurs fois de le remettre, et à chaque fois un prétexte, pas de pull qui va avec, il traîne par terre et dehors il pleut, il fait trop froid... je n'arrive pas à le remettre.

Je ne le connaissais même pas, Max, à peine en tout cas, très peu. C'était un faux fantasme, un trip avec une copine parce qu'il avait était gentil en EPS avec moi alors que j'étais une vraie quiche en sport (typiquement l'ado boutonneuse qui se fait toujours choisir en dernier lors de la constitution des équipes). Il était réellement gentil en fait, plutôt effacé, pas très beau, mais toujours calme et souriant, c'était son charme.
Je n'ai pas dû lui parler plus de cinq ou six fois au cours de mon année de seconde, suffisamment pour l'apprécier à distance.
Puis le coup de fil, la voix familière de Pauline, au début de l'été. Les vacances venaient de commencer.

Il est arrivé un truc.. on t'as pas encore dit ?

Je n'ai pas compris, je ne comprends toujours pas.
On nous a dit qu'il avait écrit une lettre pour expliquer son acte, et avait préparé un cadeau pour l'anniversaire de sa grand-mère qui allait arriver après.
Il avait tout prémédité.

Toute la classe était venue à l'enterrement, c'était étrange d'être là alors qu'une partie d'entre nous le connaissait à peine.
On nous a dit qu'il avait fait ça parce que le monde tel qu'il était ne correspondait pas à ce qu'il s'était imaginé, ses attentes avaient été déçues, il n'avait pas la force de continuer à avancer avec tout ça. On nous a aussi parlé de pornographie, le mot est revenu plusieurs fois, il ne voulait pas vivre dans un monde où la pornographie existait. Un garçon de 15 ans qui refuse que la pornographie puisse exister.

Quand j'y pense, j'ai du mal à croire que cela fait 6 ans que le temps s'est arrêté pour lui, et à chaque fois je ressens la frustration de devoir à jamais rester avec mes interrogations. J'aurais aimé comprendre, j'aurais aimé lire cette lettre, mais qui étais-je pour demander ça ? Pour me permettre de demander ça ? Des fois je me dis que je devrais débarquer chez lui à l'improviste, m'expliquer à la famille, faire ma requête, et on verra bien. Je n'aurais rien à perdre, et l'espoir de peut-être avoir un semblant de réponses à mes questions. Pourquoi tu t'es tué ? Qu'est-ce qui te semblait si dur à vivre dans ce monde ? Qu'est-ce qui te révolte tant dans la pornographie ? Pourquoi ?
Moi aussi, je n'ai pas envie de vivre dans ce monde. J'ai du mal avec ma propre humanité, cette même nature que j'aperçois parfois chez les autres et qui me répugne, m'horrifie, me blesse. J'aimerais pouvoir mettre des mots sur ce mal que je ressens souvent et que tu sembles avoir vécu aussi, si intensément que tu n'as pu le supporter. J'aimerais ne pas faire la même erreur que toi. J'aimerais arrêter de me dire que ce n'était peut-être pas une erreur. J'aimerais juste comprendre.

24 février 2010

be kind, rewind

Cela n'aurait pas du se passer comme ça. Non, vraiment, j'aurais du faire quelque chose. Parfois j'aimerais rembobiner le moment, et agir comme j'aurais du le faire.

*

Il mange sa clémentine dans le tram, balance la peau sous le siège en jettant quand même un petit coup d'œil autour de lui pour voir si personne le regarde.
Mon arrêt arrive, je me lève, ramasse la peau en le regardant bien dans les yeux, et je la jette dans une poubelle en sortant.

*

Il écoute du rap à fond sur son portable, dans le bus. Il y a bien une dizaine de passagers, tous occupés à faire autre chose, comme si de rien était. Comme si eux, ils étaient au dessus de ça. Comme si ça leur cassait pas les couilles. Exaspérée, je me lève, je fonce sur le type. Il me regarde fixement, un peu intrigué, alors que je fouille dans les poches de mon sac à la recherche de mes écouteurs. Je les lui tends, le force à les prendre, lui dit que c'est cadeau et que maintenant il n'aura plus d'excuse pour nous faire chier avec sa musique de merde.

*

La nana rien-à-foutre genre je suis dans un bar, j'ai envie de fumer, alors je fume ma clope, j'emmerde les conventions, merde quoi. Le bar est petit, la fumée vient jusqu'à moi, je regarde fixement la fille qui fait comme si elle ne m'avait pas vue. Après quelques minutes de dur combat entre mon esprit et mes nerfs, je me compose un visage dramatique et me tourne vers elle. Oui, bonjour, excusez-moi de vous déranger dans votre discussion, voilà je viens d'entrer dans la phase terminale d'un cancer du poumon, chaque fumée tout comme chaque courant d'air un peu violent me fait suffoquer et cela me fait atrocement mal dans la poitrine, par conséquent j'aimerais vous demander d'arrêter de fumer à l'intérieur par respect pour moi, pour madame qui est enceinte ici présente et pour toute personne un peu fragile du larynx, s'il vous plait, allez fumer dehors, merci.

*

Putain qu'est-ce que j'aimerais avoir le cran d'ouvrir ma gueule.

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